L’exposition À fleur de sol se compose de glaise, de végétaux, de rochers, de berges et de dispartions. Se superposent les matières organiques, les photographies, les mots effacés, les papiers translucides. Devant l’impermanence, l’artiste cueille les états, entasse les tons et extrait les textures des quelques lieux qui l’habitent et le rédigent. En écho à leur vibrance comme à leur dissolution, les matières et les idées sont polymorphes, prêtant au travail une poésie liquide et des collages impromptus. Le fleuve, la forêt, le jardin, le ruisseau, la grève s’amoncellent et se déclinent. Les matières premières subliment les images fuyantes et les fragments disparus. Se substituant aux représentations, l’empreinte d’un lieu façonne une image; l’argile recueillie sur le rivage teint le coton; le revers d’une photo suggère des récits.
Dans une lignée d’explorations matérielles autour de la photographie comme concept davantage qu’en tant que finalité, l’artiste propose un corpus d'œuvres solubles aux limites de l’image. Par une approche à la fois conceptuelle et poétique, la proposition puise dans des matières et approches composites afin de donner corps et volume aux images, tout en multipliant les possibilités picturales. Au moyen d’éléments botaniques glanés lors d’explorations de terrain, de photographies récupérées, de mylar et de textile, la proposition de l’artiste sonde la condition photographique et la mutation des images. Des surfaces, sensibles aux traces du temps, affleurent des compositions perméables: s’enlacent porosité, transparence et résistance. En encapsulant la matérialité des images et en traduisant l’imagerie des sols, À fleur de sol se dévoile comme un bouquet de présages et de vestiges.
BIOGRAPHIE
Artiste en arts visuels, Samuel Graveline vit et travaille à Montréal. Il détient un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2020), études pour lesquelles il reçoit la bourse d’excellence Monique Charbonneau ainsi que la bourse du Fonds de la Faculté des arts. Il a exposé à plusieurs reprises, entre autres chez Arprim, au Livart ainsi qu’aux Rencontres de la photographie en Gaspésie. Par une approche à la fois conceptuelle et poétique des notions qui portent sa pratique artistique, il explore dernièrement le potentiel instinctif de la création, laissant les images se révéler d’elles-mêmes davantage qu’en provoquant le moment photographique. De ce fait, il intègre de nouveaux médiums (textile, sculpture) et supports à sa pratique, accueillant l’imprévisible matériel comme vecteur de recherche dans la déconstruction du médium photographique.