Mythologie, quotidien, féminin REMIX
Issue d’une réflexion féminine et féministe, empreinte de sa position d’artiste éduquée aux figures tutélaires patriarcales, Delphine Huguet questionne le devenir du mythe de l’Amazone dans nos sociétés contemporaines. Telle une archéologue de l’identité féminine, l’artiste piste dans son quotidien des objets vestiges dystopiques d’une tribu de guerrières, créant des modèles fascinants de défiance et de bravoure. Elle tisse, à travers ses formes écrites et plastiques, un dispositif narratif qui évolue entre vie réelle, représentée, rêvée, et duquel se dessine un personnage emblématique: une nouvelle Amazone de notre époque.
À l’aube d’une époque où les dernières découvertes préhistoriques (Cosquer, Cavillon…) révisent une position des femmes plus égalitaire basée sur la survie, la réflexion artistique de Delphine Huguet convoque également le passé pour explorer le présent. Casque, rollers, récit de fantasmes, noeud de sein et autres objets se chargent d’une portée symbolique et, dans un geste cumulatif, conduisent à la sépulture dystopique non identifiée. À l’image de l’archéologie, le récit morcelé se construit à la lueur des pièces qui viennent l’alimenter, créant un flux d’interprétations, de projections imaginaires qui les relient les uns aux autres et créent un pacte intime avec celui qui regarde. Choisissant ses propres découvertes, forçant une certaine sérendipité artistique, Huguet devient l’inventrice d’une Amazone en devenir dont les reliques semblent déjà s’être immiscées dans notre quotidien.
BIOGRAPHIE
Née en 1980, Delphine Huguet vit et travaille entre Montréal et Paris. Artiste visuelle, elle est diplômée de l’École Nationale d’arts de Paris-Cergy et l’École Supérieure d’Arts et de Design de Reims. Dès 2007, Delphine Huguet se fait connaître pour ses performances et installations artistiques liées à l’univers de la table, s’intéressant à la sensorialité de ses ingrédients autant que la démarche rituelle de la dégustation. Dix ans plus tard, elle poursuit ses recherches d’un art relationnel en l’enrichissant de son expérience intime de femme et artiste. Sublimant le médium pauvre grâce à la justesse du geste technique, elle élabore un univers polymorphe d’objets quotidiens qu’elle rend remarquables par ses manipulations exploratoires. Alimentant ainsi son propre panthéon formel regroupé sous le nom de Journal de mes mythologies, Delphine Huguet questionne la perception féminine endogène et exogène à travers les notions de corps, de désir et de relations interpersonnelles.