Toutes les fleurs ne fanent pas sur la rue des Ursulines
Toutes les fleurs ne fanent pas sur la rue des Ursulines rassemble un corpus d'œuvres de l’artiste Geneviève Thibault, initié en 2017 lors de ses premières conversations avec des membres des Ursulines de Québec. Face au vieillissement de leur congrégation, les Ursulines avaient annoncé cette année-là que la quasi-totalité des sœurs allaient quitter le Monastère du Vieux-Québec, érigé sur le terrain qu’elles occupent depuis l’arrivée de Marie de l’Incarnation dans la région en 1639. Seul un petit comité de quatre religieuses allait demeurer sur le site afin de réfléchir à la transformation de la vocation de ce lieu patrimonial. Soucieuse de la charge émotionnelle qu’allait représenter un tel déménagement au sein de cette communauté, et réalisant l’importance de ce moment de transition historique dans la vie religieuse au Québec, Thibault s'engagera dans un processus méticuleux de documentation visant à conserver des traces de cette transition, aboutissant à diverses œuvres photographiques, sonores et vidéographiques regroupées à la Galerie d'art du Parc (sise au 864 rue des Ursulines, notons-le).
Tirant profit des grandes salles du Manoir de Tonnancourt, l'artiste offre par cette exposition un accès privilégié au cœur du quotidien des religieuses et du bâtiment qui les ont accueillies pendant des siècles. Des images et captations sonores tirées du projet Blanc laissent voir les derniers moments des religieuses dans leur couvent, accompagnées de lettres manuscrites que les sœurs ont adressé au monastère après leur déménagement. Avec bienveillance et sensibilité, Thibault fait le choix de photographier les espaces plus intimes du bâtiment, comme les chambres, une manière de faire état de la vie des religieuses au-delà de leur mission publique et de permettre aux visiteur·e·s de les connaître sous un autre jour. Le public pourra également voir une version adaptée de Corps habité, une installation vidéo qui montrent les Ursulines découvrant une vidéo 360 de leur ancienne demeure, plus spécifiquement de la chapelle intérieure, diffusée dans un casque de réalité virtuelle. Les réactions des religieuses restituent une certaine expérience de cet espace dont elles ont tant pris soin. Le jardin des Mères occupe d'ailleurs une place de choix dans l'exposition, Thibault le documentant au gré des saisons, accompagnant les religieuses qui s'y baladent, en prennent soin, le contemplent. Ces fleurs qui ne fanent pas, extraites du titre de l'exposition, font directement référence au jardin et à sa flore, mais évoquent également la résilience et la vivacité des Ursulines; une reconnaissance de la perpétuité de leur don à notre société.
Daniel Fiset
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Biographie
Artiste, auteure, commissaire et enseignante en photographie, Geneviève Thibault s’intéresse aux espaces de la maison comme lieux de rencontre, aux manières d'habiter un lieu et aux rapports de pouvoir qui en découlent. Ses préoccupations, qui convergent toutes vers la question de la cohabitation, l’ont conduite vers les études autochtones et l’ethnologie au baccalauréat multidisciplinaire, puis à la maîtrise en pratique des arts. Lauréate 2024 de la bourse en arts visuels Yvonne L. Bombardier et lauréate 2019 du Prix international des Nouvelles Écritures (Freelens, France), ses projets de création ont été diffusés dans le cadre d’expositions individuelles au Québec et en Ontario, et lors d’expositions collectives ailleurs au Canada et en Europe. Depuis l’intégration de l’écriture à sa pratique, en 2021, sa poésie et ses textes critiques ont fait l’objet de plusieurs publications dans les revues d’art et de littérature au Québec. Elle est native de Matane, située sur le Gespe'gewa'gi des Mi’gmaq, là où elle vit avec sa famille depuis 2013.
Photo: Yves Lavoie
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