Faire tenir, parmi, récolter
Marjolaine Bourdua adopte une approche critique et matérielle pour explorer les tensions et les dynamiques de pouvoir inhérentes à la culture de masse. À travers une démarche sculpturale, elle examine l'histoire matérielle des objets, la place de la main, le travail manuel et le rôle de l'artiste dans un contexte de productivité et d'accélération, notamment liée à la révolution numérique. En mettant l'accent sur le geste comme posture de résistance, ses projets récents abordent les thèmes de la transmission et des procédés manuels en travaillant à partir de formes et savoir-faire variés qui font échos aux notions de cycles et de surproduction.
L’exposition Faire tenir, parmi, récolter explore un repositionnement de la pratique artistique au regard de la décroissance, où l'artiste s'engage dans une démarche de régénérescence et d'autonomie en réintroduisant des techniques ancestrales, telles que la vannerie. Ce retour aux savoir-faire traditionnels se conjugue à une réflexion plus large sur la valorisation des ressources.
L’artiste réexamine les matériaux présents dans son atelier – des objets accumulés, des déchets, des morceaux de sculptures antérieures – pour composer une nouvelle installation. Ce geste marque une volonté de reconfigurer les idées sous-jacentes à sa pratique, tout en interrogeant les cadres rigides et productivistes qui régissent le milieu artistique. Les sculptures inspirées de fruits, semences et légumes, qui jalonnent l’exposition agissent comme des métaphores du « travail alimentaire » qui constitue la réalité des artistes. Offrant une perspective critique, l'artiste interroge la valeur et la répartition des ressources dans les conditions actuelles du monde de l'art, tout en ouvrant une réflexion plus large sur l'écologie.
Ce projet, à la fois transitionnel et résilient, s’ancre dans une quête de soin, de partage et de transmission. Il propose un questionnement profond sur le rôle social de l'artiste, invitant à une reconfiguration, une décentralisation des points de vue et à un désapprentissage face aux modèles dominants.
Ce projet d’exposition est présenté à la Galerie d’art du Parc, à Trois-Rivières (Nitaskinan), située sur un territoire ancestral atikamekw. Bien que la vannerie ne soit pas un savoir-faire exclusif aux cultures autochtones, elle constitue un élément traditionnel et spirituel essentiel pour de nombreuses nations et communautés. Le rôle des Premières Nations, en tant que gardiennes de la préservation et de la transmission de ce savoir-faire, est primordial.
L’artiste tient également à exprimer sa gratitude envers Nathalie Levasseur (Racine du monde), artiste et mentore, pour sa précieuse contribution à ce projet. Elle remercie aussi le Conseil des arts du Canada pour le soutien à la recherche et à la production.
Biographie
Marjolaine Bourdua est une artiste visuelle, travailleuse culturelle et chercheuse indépendante basée à Tiohtià:ke/Montréal. Elle détient une maîtrise en arts visuels de la Villa Arson en France (DNSEP), ainsi qu’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, où elle a reçu la bourse Pierre-Luc d’Orsonnens en 2006. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives au Québec, en France et en Allemagne, notamment à la Fondation PHI, au Musée d'art de Joliette, au MAC LAU, au Centre Optica, à la Maison des arts de Laval, ainsi qu'au Centre Clark, où elle est membre active depuis 2011.
Marjolaine a également collaboré avec plusieurs galeries et espaces alternatifs, et plus récemment avec la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement. Son travail a bénéficié du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que du Conseil des arts du Canada.
Photo : Paula Youwakim
{{ show_bloc_sousPages }}