Exposition nationale et internationale
La 10e Biennale nationale de sculpture contemporaine (BSNC) se déploie cet été sous le thème de MARCHE DÉMARCHE MANOEUVRE. Elle réunit 14 artistes de provenance du Québec, de la Nouvelle-Écosse, de l’Alberta, de New-York et de Mexico dans 7 lieux à Trois-Rivières, Victoriaville et Montréal.
Les démarches des artistes questionnent directement les hiérarchies sociales et politiques établies et font voir des préoccupations qui débordent de l’écosystème artistique pour traverser entièrement nos sociétés actuelles. Devant ce constat, le comité d’orientation artistique de la 10e BNSC s’est penché sur les manœuvres des artistes qui permettent d’imaginer le monde autrement : revendiquer des possibles, renégocier nos conditions de vie, redéfinir nos rapports. Bref, se mettre en marche. L'édition 2022 invite donc les artistes en art actuel à réfléchir depuis leurs propres dé/marches pour déterminer des chemins à venir, pour créer des espaces dans lesquels manœuvrer le monde.
Le comité d’orientation artistique et de sélection est composé de Daniel Fiset, commissaire invité et historien de l’art, Lynda Baril, artiste et directrice générale de la BNSC, Audrey Labrie, directrice artistique de la BNSC et historienne de l’art, Anne-Marie Lavigne, directrice générale et artistique de l’Atelier Silex, Louise Paillé, artiste et historienne de l’art, ainsi que Guylaine Champoux, artiste, chargée de cours en arts visuels à l’UQTR et au Cégep de Trois-Rivières. Pour plus d’informations, consultez : www.bnsc.ca
Carlos Amorales, Mexico
BIOGRAPHIE
Carlos Amorales est un artiste multidisciplinaire qui explore les limites du langage et des systèmes de traduction. Avec la production graphique comme outil, il développe des structures linguistiques et des modèles de travail alternatifs qui rendent possibles de nouveaux moyens d’interprétation. Amorales est né à Mexico en 1970 et a étudié à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam en 1995. Son travail a été présenté en exposition solo au Musée universitaire d’art contemporain (MUAC) et au musée Tamayo au Mexique, au Philadelphia Art Museum et au Berkeley Art Museum & Pacific Film Archive aux États-Unis ainsi qu’ au musée Stedelijk à Amsterdam. Il a représenté respectivement les Pays-Bas et le Mexique à la Biennale de Venise en 2003 et en 2017. Ses œuvres se retrouvent dans les collections de musées tels que le Tate Modern, le MoMa, le Guggenheim, le Stedelijk et le MUAC.
DÉMARCHE
Oeuvre : Life in the Folds [La vie dans les plis]
Dissimuler une image pour en codifier le sens afin de modifier la façon dont on perçoit normalement les choses : voilà un élément central de ma pratique artistique. Cette proposition est basée sur la transformation d’un ensemble de formes abstraites en police de caractère, police qui devient d’abord un langage écrit, puis phonétique par le biais d’instruments à vent conçus d’après ces mêmes formes. Ces dernières ont aussi inspiré la création d’une série de personnages-marionnettes qui ont servi à l’écriture d’un scénario de film suggérant l’arrivée d’une famille de migrants dans une ville. Des instruments à vent, des marionnettes et le scénario seront autant d’outils activés par des interprètes pendant l’exposition.
Guillaume Brisson-Darveau, Montréal
BIOGRAPHIE
Guillaume Brisson-Darveau est un artiste canadien qui vit à Tiohtià:ke / Montréal. Son travail a été présenté au Canada et à l’international, notamment à Engramme (2021, Canada), au Museo de Arte Contemporáneo ‑ Parque Forestal (2018, Chili) et au NEoN Digital Arts Festival (2016, Royaume-Uni). Il a réalisé de nombreuses résidences d’artistes, entre autres à la NARS Foundation (États-Unis, 2021), cheLA Centro Hipermediático Experimental Latinoamericano (Argentine, 2019), l’Atelier Mondial (Suisse, 2018) et à Est-Nord-Est (2016, Canada).
Au cours des dernières années, il a développé une pratique de la sculpture comportant un aspect performatif et in situ. Il y explore le potentiel poétique et parfois ludique de l’objet sculptural, à travers sa fragilité, sa polyvalence et sa monumentalité.
DÉMARCHE
Œuvre : Les cocons
Dans le cadre du projet Les cocons, je réaliserai une installation sculpturale composée de différents éléments portatifs évoquant l’idée de la métamorphose. Le cocon étant un abri temporaire construit par un organisme vivant pour se transformer et croître, les cocons à échelle humaine donneront naissance à des sculptures-corps à la morphologie hybride, brouillant les limites entre humain et nature.
Ce projet est basé sur une pratique de la sculpture comportant un aspect performatif et in situ important. Il implique la création d’objets réalisés à partir de matériaux rudimentaires et recyclés avec lesquels des interactions seront établies dans ce que j’envisage être une parade de mode déjantée. Il s’inscrit en continuité avec mes plus récents projets, qui sont influencés par une réflexion sur le corps hybride et la représentation du corps transformé véhiculée par le cinéma de science-fiction et l’univers des mangas. Les œuvres qui émergent de cette recherche se situent au carrefour de la mode, de la performance et de la sculpture.
Je travaillerai en collaboration avec Innofibre, centre d’innovation des produits cellulosiques, pour le développement et la réalisation du projet. Ce partenariat mis sur pied grâce à la BNSC me permettra de concevoir un nouveau type de sculpture, plus organique, en explorant des matérialités inédites.
Sheena Hoszko, Montréal
BIOGRAPHIE
Sheena Hoszko est une sculpteure, organisatrice antiprison et colonisatrice d’origine polonaise vivant et travaillant à Tio’tia:ke/Mooniyaang/Montréal. Sa pratique artistique, nourrie de ses expériences familiales de l’incarcération, du domaine militaire et de la santé mentale, examine les rapports de pouvoir et la violence dont sont empreints les lieux géographiques, architecturaux et psychologiques. Hoszko emploie des stratégies post-minimalistes pour attirer l’attention sur les politiques inhérentes aux espaces et aux matériaux, et elle se sert principalement d’objets loués ou réutilisables qui regagnent le monde sous leur forme non artistique une fois le projet terminé.
Hoszko a présenté son travail au pays et à l’international, notamment au Musée d’art contemporain à Montréal, au centre A Space à Toronto et à La Ferme du Buisson à Paris. Elle a participé à des résidences au Santa Fe Art Institute au Nouveau-Mexique, à La Cité internationale des arts à Paris et à la Villa Magdalena K en Allemagne. Ses écrits ont été publiés dans le MICE Magazine et le livre Free Inside: The Life and Work of Peter Collins. Elle a fait partie des finalistes au prix Sobey pour les arts 2021 et est actuellement étudiante au doctorat en Cultural Studies à l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario.
DÉMARCHE
Œuvre : Il en coûte 125 466$ par an pour garder une personne en prison. Quelle autre sorte d'établissements construiriez-vous à la place?
Ce projet est une installation in situ composée de deux bannières peintes fabriquées et installées dans la Galerie d’art du Parc. Sur la bannière, on peut lire « Il en coûte 125 466$ par an pour garder une personne en prison. Quelle autre sorte d’établissements construiriez-vous à la place ? »
La Galerie d’art du Parc est située dans le manoir de Tonnancour, sur des terres abénaquises volées en 1650 par Louis d’Ailleboust, alors gouverneur de la Nouvelle-France. Le manoir de Tonnancour servit tour à tour de seigneurie, d’hôpital, de prison et d’école pour garçons. Ce projet répond à l’histoire continue de ce lieu, en se basant sur la pensée de Ruthie Wilson Gilmore, militante et universitaire abolitionniste noire qui prône l’élimination des prisons comme geste de « construction d’établissements qui célèbrent la vie ». Les bannières sont constituées de bâches en toile et de peinture latex ; elles encouragent le public à imaginer d’autres manières de dépenser le budget annuel de 125 466$ alloué par personne emprisonnée dans ce qu’on appelle le Québec et le Canada. Ce projet est accompagné d’un carnet des visites où le public pourra inscrire ses propositions de modes de vie générateurs, ainsi que d’un court texte racontant l’histoire des prisons dans ce qu’on appelle le Québec et le Canada. À la fin de la période d’exposition à la Galerie du Parc et au manoir de Tonnancour, les bannières seront déposées dans un lieu public qui reste à déterminer.
Emily Jan, Edmonton
BIOGRAPHIE
Emily Jan (née en 1977 à Los Angeles, É.-U.) est une artiste et autrice d’origine sino-américaine installée à Edmonton. Ses œuvres ont été exposées à plusieurs occasions au pays et à l’international ; elle a aussi écrit et illustré trois livres. Ses sculptures et ses installations hyperréalistes combinent objets du quotidien trouvés et autres matériaux bruts méticuleusement travaillés ; elles abordent des thèmes comme l’écologie, la mythologie apocalyptique et le caractère circulaire du temps. Voyageuse, naturaliste, cueilleuse ainsi que collectionneuse d’objets et d’histoires, Jan est guidée dans son travail par l’esprit de l’affinité et de l’exploration.
DÉMARCHE
Œuvre : Traces de pas / Footsteps – (Kali Yuga I)
Nous sommes en 2021, une année de pandémie mondiale, de chaos géopolitique, de destruction environnementale, et d’incendies et d’inondations record. Alors quand je pense à la marche — ce lent mais irrépressible mouvement humain qui traverse le paysage — mon esprit se pose sur les conséquences accidentelles de nos mouvements, en tant qu’espèce, autour du monde.Dans Traces de pas/ Footsteps, cette appréhension se manifeste par une sorte de chimère composée de corps d’espèces envahissantes qui conquièrent et se mêlent aux espèces indigènes, traversant lentement et silencieusement mais inexorablement de vastes territoires, laissant dans son sillage une traînée de minuscules apocalypses.Dans la mythologie hindoue, le Kali Yuga est l’âge de la noirceur, celui qui annonce la destruction du monde et l’éventuel recommencement d’un nouveau cycle de création. J’espère que cette installation reflète les peines comme les espoirs de notre époque ; puissions-nous nous y arrêter un instant pour songer encore et encore aux traces que nous laissons sur le monde qui nous entoure.
Crédit photo (portrait) : Phil Bernard (2016)
Karen Tam, Montréal
BIOGRAPHIE
Karen Tam est une artiste de Montréal dont la recherche porte sur les constructions et les représentations de cultures par le biais d’installations qui recréent des restaurants chinois, des bars karaoké, des fumeries d’opium et d'autres sites de rencontres culturelles. Elle a participé à des résidences et exposé ses œuvres à travers le Canada, les États-Unis, l’Europe et la Chine. Elle détient un doctorat en études culturelles de Goldsmith (University of London) et une maîtrise de beaux-arts en sculpture de la School of the Art Institute de Chicago. Elle est représentée par la galerie Hugues Charbonneau à Montréal ; son travail peut être vu au http://www.karentam.ca.
DÉMARCHE
Œuvre : Mrs. Spring Fragrance’s Morning Room and Garden
Cette installation élargit la conception du portrait commémoratif dans le processus de construction et d’interprétation de l’asiaticité, tout en reliant certaines questions ténues et nuancées relatives au genre, au colonialisme et à l’orientalisme américain. Le jardin et le petit salon de Mme Spring Fragrance s’inspire des autrices Edith Maude Eaton (dont le nom de plume était Sui Sin Far) et Winnifred Eaton (alias Onoto Watanna). Nées d’une mère chinoise et d’un père britannique, les sœurs Eaton grandissent à Montréal. Edith y retournera plus tard travailler comme journaliste, et elle racontera le quartier chinois et la vie des personnes asiatiques en Amérique du Nord. Quant à Winnifred, elle se fera passer, de manière controversée, pour une Nippo-Américaine, signant d’un pseudonyme à consonance japonaise des romans d’amour et des nouvelles.
L'installation répartie dans trois salles rassemble des éléments trouvés ainsi que des sculptures et des textiles récemment créés pour évoquer un espace domestique privé ; elle comprendra aussi une œuvre à base de plantes dans la cour de la Galerie. En représentant dans cette œuvre les différentes facettes d’Edith et de Winnifred Eaton dans le contexte de l’orientalisme américain, j’espère montrer comment, en tant que femmes racisées à la découverte de leur identité, ces dernières ont résisté à la sinophobie tout en la contestant et ont remis en question le pouvoir, l’attrait et la problématique de l’orientalisme américain.
Crédit photo (portrait) : Morris Lum
ARTISTES dans 6 autres lieux :
Centre d’exposition Raymond-Lasnier / Geneviève Baril, Champlain et Patrick Beaulieu, Orford
Atelier Silex / Annie Charland Thibodeau, Québec, et Ursula Johnson, Halifax
Espace Pauline-Julien / Sarah Rothberg, New York
Galerie d’art R3 / Edith Brunette et François Lemieux, Montréal
Victoriaville ‑ Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger / Adam Basanta, Montréal
Montréal ‑ CIRCA art actuel / Charley Young, Bedford