Au but
Techniques mixtes, sculpture
Totem 2018, techniques mixtes
Photo : Christiane Simoneau
Dans son exposition, l’artiste montréalaise Laura Santini réunit des œuvres éclectiques qui expriment sa fascination pour les objets sauvés de terrains vagues, objets produits par une société de consommation aveugle et auxquels elle redonne une seconde vie. Souvent combinées avec de la matière organique glanée dans la nature, ses pièces sont faites de différents matériaux recyclés, recyclables, qui évoluent avec le temps et racontent chacun une histoire. Tout au long de ses promenades, de ses fouilles de maisons, elle a ramassé des éléments variés, qu’elle entasse sur les étagères de son studio et qui changent, se cassent ou mûrissent au fil du temps. Ils prennent la poussière, parfois se désintègrent jusqu’au jour où ils retiendront son attention et deviendront entre ses mains inspirées, une oeuvre d’art. On peut ainsi découvrir, échappés d’une mort certaine un châssis de fenêtre du 19e siècle abandonné après la démolition d’une école, des mannequins d’une boutique dramatiquement repositionnés, une pièce de métal trouvée dans la rue, repeinte et autorisée à rouiller…
D’autres pièces reflètent son goût de la superposition comme cette tour constituée de paquets de lames de rasoir récupérés il y a des décennies auprès de son grand-père, ces cintres en plastique posés les uns sur les autres qui forment un totem industriel. Autant de pièces concrètes bien que mystérieuses, vulnérables et pourtant si puissantes. Le travail de Laura Santini parle de temps, de mouvement, de renoncement et de sauvetage. En réutilisant des objets voués à la destruction, elle les réinvente et leur donne une nouvelle vie. En observant son travail, on assiste à l’écoulement du temps et à une tentative désespérée de l’arrêter. Bien que la vision de cette artiste hors-norme soit souvent sombre et inquiétante, exprimant mort et violence, son oeuvre reflète aussi l’espoir et la capacité humaine à se régénérer. Diplômée d’un baccalauréat en histoire de l’art de l’Université McGill et d’une maîtrise en arts plastiques de l'Université de New York, Laura Santini partage sa pratique artistique entre Montréal et l’Italie. Elle a son actif de nombreuses expositions solos et individuelles et ses œuvres se retrouvent à l’international, dans de nombreuses collections publiques et privées.
Texte par Colleen Gray, traduction par Sandrine de Montplaisir