Phéromone 40
L’art que l’on respire
Essentiellement transdisciplinaire, mon travail s’organise autour de tentatives d’entrer humblement en dialogue avec la culture à l’aide de matériaux et moyens inusités. En passant par l’installation pour tester certains concepts culturels, je les revisite, rouvrant la discussion sur leur véritable nature et fonction, débat auquel tous peuvent ensuite participer.
Ainsi, dans l’espace de la galerie, mon rôle est avant tout de mettre en relief les fonctions médiatrices que celle-ci remplit pour créer des œuvres qui transforment la manière dont le spectateur vit cette médiation. Les échanges permis par la galerie gagnent à déborder du cadre de l’exposition pour qu’il y ait un véritable partage durable de la culture.
L’œuvre présentée est constituée de diffuseurs d’odeur. Les diffuseurs sont d’un modèle simple utilisé entre autres en aromathérapie. Ils fonctionnent grâce à une résistance de porcelaine qui en se chauffant fait s’évaporer la solution contenue dans un réservoir amovible. Quant aux substances diffusées, ce sont des solutions à base de phéromones, qui sont généralement commercialisées comme le serait un parfum. Bien qu’il existe différentes mixtions, l’œuvre en favorise une (phéromone 40) qui aide à surmonter les barrières interpersonnelles en créant une atmosphère détendue, un climat de confiance incitant le dialogue.
Agissant entre le [cerveau] limbique et le reptilien, les phéromones sont absolument essentielles en ce sens qu’elles interagissent avec la part primitive de notre être; carrément inutiles, car les recherches qui leur accordent un pouvoir quelconque sur nous sont rares et encore vivement contestées. Ainsi, en sculptant (quoique très subtilement) les réactions sensitives et émotives d’un public, on remplit assurément un des mandats des arts visuels (ou du moins on répond à une de ses définitions). Cependant en ne donnant rien à voir, rien à apprécier, on outrepasse habilement la question du goût et de l’esthétique. L’art devient ce contexte atmosphérique qui influence notre jugement, mais qui se défend d’en être l’objet.