Démarche artistique
Selon l’astrophysicien Fritjof Capra, l’univers est un tissu dynamique d’événements interdépendants.* Ma
démarche se veut donc une projection dans cet univers que je parcours
pour en saisir les signaux, les plans de conscience, les mondes
parallèles, et je donne à voir simultanément les architectures du
cosmos et les architectures humaines. Cloisons, sphères, grilles,
engrenages, vibrations et personnages sont présentés de façon
semblable, en aplats ou en reliefs car ils proviennent de la même
matière primitive.
C’est
aussi mon questionnement sur la place de l’être humain dans le temps et
dans l’espace. C’est ma réflexion sur son identité, son intériorité ;
sur le rôle qu’il se donne dans le territoire qu’il occupe ; sur son
dialogue, son interaction avec cette matière énergétique et universelle
dont il est imprégné ; et finalement, sur sa continuité dans le cosmos,
même dans sa rupture avec sa vie, au-delà de cette rupture, dans le tissu… L’être
humain y est senti non pas comme un sujet mais comme un motif répété,
une parcelle dans un concert de variations, d’atmosphères et de sites.
Sans nom, sans identité ou les possédant toutes, il est d’une espèce
porteuse de mémoire. Une mémoire ancestrale, une
mémoire universelle et collective qui, provenant d’une dimension non
visible, se matérialise et se déploie dans le tableau pour s’y livrer
au regard.
D’un
point de vue formel, je fais appel à différents procédés et
techniques : peinture, collage, graphisme et matériaux divers. En
outre, je travaille sur des supports de bois non préparés dont
j’exploite les reliefs et les textures ; j’utilise aussi de la colle
chaude pour créer d’autres reliefs, tels des cloisonnements, des
structures, des écritures. Mon tableau prend parfois la forme de
multiples, d’assemblage ; il peut avoir l’ampleur de la murale ou du
tableau moyen, et même du petit format, voire la miniature. Mon support
est carré dans la majorité des cas à cause de la symbolique de cette
forme ; le carré étant un symbole cosmique, il est l’emblème du monde
et de la nature.
J’interroge
donc la mémoire, portée par l’écriture, ainsi que la présence humaine
dans l’univers et son interrelation constante avec cette matière
énergétique qui l’imprègne et dont il est semblable.
* Capra, Fritjof. Le tao de la physique, ed. Paris : Sand, Paris, 1985