Elisabeth Picard est fascinée par l’expérience mystique que peuvent provoquer certaines œuvres d’art. Son travail consiste à comprendre comment les aspects matériels et formels peuvent élever l’objet à une dimension spirituelle. Elle s’intéresse à la transcendance que provoque l’art sacré dans le sens où il suscite une recherche de l’absolu et une vision sublimée de l’univers.
Notre société est de plus en plus laïque et elle a troqué le dogmatisme religieux pour la doctrine du pouvoir économique. Ce fait inéluctable incite l’artiste à fabriquer des objets chargés d’une théâtralité dont l’objectif est de combler, chez le spectateur contemplatif, un besoin d’infini. La puissance quasi mystique du monumental est inhérente à la présence physique d’une oeuvre qui évoque l’ascension et le dépassement. Par la sculpture et l’installation, Elisabeth Picard interprète certaines formes architecturales et motifs qui ont pour elle une symbolique liée à la spiritualité.
L’état de contemplation commande la centration; les formes circulaires définissent par leur nature centrifuge un point focal permettant l’atteinte d’un tel état. Le cercle et la rosace sont liés au mandala et au mantra, alors que le cône et l’arc s’élèvent comme le stûpa. Par l’accumulation des matériaux, Elisabeth Picard veut rendre tangibles les principes de focalisation et de densité présents dans les objets qu’elle crée. La netteté des structures construites évoquent parfois un aspect géométrique et industriel, parfois un aspect plus artisanal, décoratif et phytomorphique lié à la construction même de l’oeuvre.
Dans sa démarche, Elisabeth Picard cherche à doser la rigueur formelle d’un objet avec la charge archétypale qui l’imprègne afin d’évoquer le besoin de transcendance et de dépassement de l’être humain face à ses aspirations.