La fonction la plus fascinante de l'art me semble se situer dans la création d'icônes synthétisant la représentation des réalités de chaque société. Sociétés où "barbarie" et "civilisation" se sont reflétés dans des agissements, agissements qui font l’histoire.
En élaborant et développant toujours mon sujet, la recherche d`une identité latino-américaine, je me retrouve devant un thème d’actualité angoissant, répété dans le temps comme dans l’espace. Cette actualité se retrouve dans mon Amérique du Sud aussi bien que dans n’importe quelle partie du monde.
Barbarie = pouvoir
Civilisation = identité
Le thème de l'identité est récurrent dans toutes mes œuvres. Il en est le leitmotiv. Je suis née dans les Andes du sud où se côtoient beauté et tragédie. Beauté et tragédie, donc l’essence même des identités dans le monde entier, en ce qu’elles ont de correspondances et d’oppositions. Les "vols de la mort" ont bien tué des centaines d'opposants à la dictature militaire en Argentine. D’autres "agissements" tuent aujourd’hui des "opposants" ailleurs au monde : Afghanistan, Darfour, Irak,…
Je propose une vision identitaire fluide, ouverte. En opposition aux identités fixes, fermées qui mènent aux sociétés homogènes, tyranniques.
Acrobates sur un bord nu,
équilibristes sur le vide,
dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel
et dont les spectateurs sont partis.
Roberto Juarroz, Treizième poésie verticale.
* Durant la "sale guerre" qui a fait rage sous les dictatures militaires dans les années 1976-1983, entre 13'000 et 30'000 personnes ont disparus en Argentine.
L’une des méthodes pour faire disparaître les opposants au régime consistait à organiser des vols de la mort ("vuelos de la muerte“): les personnes enlevées étaient précipitées, nues et inconscientes, depuis des avions directement dans l’océan, plusieurs milliers de mètres plus bas.