D'encre et d'acier, ainsi sois-tu
D’encre et d’acier, ainsi sois-tu est un projet de Lise Barbeau et Denis Dion réunissant 7 poètes de la Mauricie, soit Paul Dallaire, François Désaulniers, Sébastien Dulude, Monique Juteau, Guy Marchamps, Rita Painchaud et Christiane Simoneau. L’exposition présentée à la Galerie d’art du Parc (GAP) a été initialement installée à la Vieille Prison de Trois-Rivières. Les deux artistes proposent un mélange entre les arts visuels, la musique,
la poésie et la vidéo.
Lise Barbeau et Denis Dion se partagent deux des médiums importants, soit respectivement les arts visuels et la musique. Avec ces œuvres collectives, nos sens sont pleinement sollicités, puisque pour apprécier pleinement l’expérience, il faut regarder, lire et écouter. C’est une exposition envoutante qui propose plusieurs installations qui nous font vibrer chacune à leur façon.
D’où est née votre collaboration
pour cette exposition ?
Denis Dion : Puisque Trois-Rivières est un milieu convivial, nous nous étions souvent croisés et lors d’une de ses expositions, L’ancêtre (Galerie d’art du Parc en 2012), j’ai été envahi par le désir d’ajouter une trame sonore à une œuvre. Nous en avons discuté pour finalement aboutir au projet Le Marcheur (Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap en 2013). J’en ai été enchanté puisque la musique est un art très solitaire, mais combiné avec les arts visuels, on intègre alors leur influence de la compréhension de l’espace. L’idée d’habiter un lieu comme le font les artistes visuels me plaisait beaucoup et me donnait envie d’aller plus loin que la musique à elle seule.
Lise Barbeau : Du côté des arts visuels, ce que la musique apporte est une autre dimension à une œuvre, un second niveau de lecture. La musique transporte au-delà de la contemplation, rapproche plus de l’émotion tout en enrichissant les œuvres.
Quel a été l’élément déclencheur
pour la création de l’exposition D’encre et d’acier, ainsi sois-tu ?
Lise Barbeau : Le directeur de la Vieille Prison de Trois-Rivières nous a d’abord proposé le projet d’habiter le lieu. Déjà, c’était très inspirant.
Denis Dion : Après Le Marcheur, Lise et moi avions envie de collaborer à nouveau pour un second projet. La Vieille Prison était alors parfaite pour nous, surtout si l’on considère son côté dramatique.
Pourquoi
D’encre et d’acier, ainsi sois-tu ?
Denis Dion: Pour nous, l’encre représente ce que les gens laissent derrière eux, ce qu’ils transmettent aux autres, alors que l’acier évoque les structures et les fondations d’un peuple.
Lise Barbeau : Il y a également «ainsi sois-tu» qui nous faisait penser à un chemin de croix, représenté par les 7 stations produisant un effet miroir.
Quel a été votre processus de création ?
Lise Barbeau : Les 7 écrivains et poètes avaient comme ligne directrice ; le titre
de l’exposition. Ensuite, j’ai essayé d’entrer dans le texte, ligne après ligne,
en m’impreignant et en laissant mes mains parler pour réinventer et faire éclater
de l’intérieur mes créations.
Denis Dion : Lise et moi communiquions énormément lors de la réalisation du projet, ce qui nous a ammenés à nous inspirer mutuellement. Je peux donner comme exemple l’œuvre du texte de Christiane Simoneau où Lise a réalisé un manteau de laine d’acier, doublé de soie. Pourtant, visuellement, c’est un très bel objet et on y remarque l’horrible texture uniquement qu’au touché. J’ai relu le texte de l’auteur pour y redécouvrir une douceur, une élégance et une féminité que je n’avais pas interprété à la première lecture. La musique était déjà enregistrée, mais ces réflexions m’ont porté à recommencer.
Dès le 20 septembre, l’exposition se transporte à la Galerie d’art du Parc jusqu’au 11 octobre.
Comment avez-vous géré ce changement d’environnement ?
Lise Barbeau : À la Galerie d’art du Parc, l’exposition est tout aussi intéressante et nourrissante que son installation initiale à la Vieille Prison. Cependant, nous savions que nous devions adapter les œuvres puisque nous n’avions pas accès au même espace ni aux mêmes accessoires, par exemple avec le texte de François Désaulniers où les télévisions reposent sur trois lits de détenus. Ce fut alors un beau défi d’habiter un espace différent, que nous avons adoré relever.
Denis Dion : Ce que j’aime avec les œuvres D’encre et d’acier, ainsi sois-tu, c’est que rien n’est figé dans le béton. Nous nous sommes laissés la liberté nécessaire pour adapter nos créations. Pour ce qui est de l’univers sonore, il est évident que le changement a apporté son lot d’interrogations puisque les installations sont plus rapprochées les unes des autres, mais je crois que cela a créé un caractère plus intime qu’avec la Vieille Prison.
Vous devez bien avoir une installation préférée, qui vous touche plus particulièrement… laquelle ? Et pourquoi ?
Lise Barbeau : C’est comme choisir parmi nos enfants ! (rire) Plus sérieusement, chaque œuvre nous parle différemment et vient toucher un point particulier en nous surprenant, questionnant et en apportant des réflexions. Parfois, on se redécouvre comme dans un miroir.
Denis Dion : Chacune nous touche d’une manière différente. Elles ont toutes leur caractère et j’en suis heureux puisque si nous avions eu une préférence, je crois que nous n’aurions pas réussi notre travail ; soit faire vivre chacun des textes.
Beaucoup de poètes
et d’écrivains se sont joints
au projet. Comment avez-vous travaillé et intégré les styles de chacun pour créer une exposition cohérente ?
Lise Barbeau : C’est simple, il n’y a aucune cohérence !
Chacun des poètes nous présente un monde différent afin
de découvrir une nouvelle vision. Leur poésie nous permet
de nous élever et de nous envoler au-delà de ce monde.
Denis Dion : Plus les textes étaient différents, mieux c’était !
Je crois que dans ce cas-ci, ce qui était la clef, c’était la diversité entre nos écrivains et nos poètes.
Merci à Denis Dion et Lise Barbeau.
Ne manquez pas l’exposition qui se tiendra
à la Galerie d’art du Parc du 20 septembre au 25 octobre 2015.
Caroline Champoux
étudiante au Baccalauréat en arts visuels à l’UQTR